Un peu d’histoire

Située à cheval entre les communes de Saint-Chamas et de Miramas, la Poudrerie est un ancien site industriel du XVIIème siècle, dédié à la fabrication de poudre noire, puis à celle d’explosifs.

Appelée tour à tour Poudrerie « royale », « nationale », « impériale » ou simplement « Poudrerie », elle a marqué la vie des hommes et des femmes, civils ou militaires, qui y ont travaillé, jusqu’à sa fermeture en 1974.

En 1690, Louis XIV s’approprie un domaine d’un hectare et demi, au nord de l’étang de Berre, à Saint-Chamas, où existent moulins à blé et à huile, alimentés par les eaux de la Touloubre. Il acquiert les droits d’utilisation des eaux des canaux et implante des martinets à poudre noire. C’est ainsi que naît la « Poudrerie royale ».

 

Un site idéal pour la production de poudre

Secteur des moulins de la Poudrerie
Secteur des moulins © Alexandre Zasina

Le site est idéal pour la production de poudre. Il dispose de la force hydraulique - grâce à l’alimentation en eau par un canal dérivé de la Touloubre construit au XVIIe siècle. Il jouit aussi d’une situation stratégique pour l’acheminement des matières, à proximité de l’étang de Berre.

Dès lors, la Poudrerie ne cesse de se développer, passant à 135 hectares en 1917. Moulins, canaux, réservoirs, séries d’ateliers, digues de retenue pour gagner du terrain sur l’étang de Berre et même centrale hydroélectrique sont peu à peu bâtis.

Au cours de ses trois cents ans d’activité, la Poudrerie traverse plusieurs conflits mondiaux. Ses modes de production s’adaptent au fil des innovations techniques et scientifiques.

Après plusieurs accidents, dont deux graves en 1936 et 1940 et une période de moindre activité, ce pôle d’industrie militaire ferme ses portes en 1974.

La plupart de ses 250 bâtiments de production et de stockage sont alors détruits. Au démantèlement des usines et à la dépollution partielle des sols, succèdent plus de 25 ans d’abandon.

 

Les galeries et la grande halle

Grande halle de la Poudrerie
Exposition dans la grande halle © Alexandre Zasina

Ces galeries creusées à la veille de la deuxième guerre mondiale sont destinées à servir d’infirmerie et d’hôpital. Elles sont utilisées par la suite par la Marine nationale (arsenal de Toulon) pour y stocker les détonateurs des torpilles fabriquées sur place, dans la grande halle. Ce nouvel usage dure près de quinze ans après la fermeture de la Poudrerie.

Édifiée en 1918, la grande halle témoigne de l’histoire récente de la fabrication d’explosifs. Après l’acquisition du site par le Conservatoire du littoral, elle devient un lieu d’accueil et d’animations diverses.

L’explosion de l’atelier 104, un accident sans précédent

Monument commémoratif de la Poudrerie
Monument commémoratif © Alexandre Zasina

Le 16 novembre 1936 à 16h20, un ouvrier, Désiré Bayol, aperçoit des flammes sortant du 1er étage du bâtiment. Il descend immédiatement et donne l’alarme. Le personnel entreprend aussitôt la lutte contre le feu. Une violente explosion survient vingt minutes après le début de l’incendie.

L’explosion cause la mort de 53 personnes dont le directeur de la Poudrerie, fait plus de deux cents blessés et provoque des dégâts très importants : une catastrophe d’une ampleur inédite dans le Service des Poudres. Des obsèques nationales sont organisées à Saint-Chamas.

L’explosion du 16 novembre 1936 n’est malheureusement pas un cas isolé et le 4 avril 1940, une nouvelle explosion fait onze victimes.

Témoignage de Jacques Négron, ancien poudrier

 

Restauration des étangs du directeur du parc de la Poudrerie Miramas/Saint-Chamas

Entrée Nord de la Poudrerie
© Jacques Lemaire

Non loin de l’ancienne entrée Nord de la Poudrerie Nationale, à partir de 1851, le directeur de l’époque, commissaire des poudres et salpêtres avait fait construire un grand et beau bâtiment destiné à son logement, mais aussi à recevoir ses hôtes de marque (Généraux, hauts gradés militaires, Inspecteurs …).

Il avait pris soin de la situer à l’écart des moulins à poudres noires, particulièrement bruyants. Afin d’agrémenter l’environnement, il avait fait réaliser un grand jardin dont la partie Nord est dite « à la Française », avec des plantations florales formant des dessins géométriques. La partie Sud dite de type «jardin Anglais», censée imiter la nature sauvage, bordait un lac artificiel, appelé de nos jours « L’étang du Directeur ».

Celui-ci était alimenté par la nappe phréatique qui affleure la surface du sol, et par une conduite provenant du canal de la Seigneurie. Une passerelle en bois avait été aménagée afin de pouvoir rejoindre un îlot central, ainsi qu’une gloriette, lieu propice à une sereine contemplation de la nature, où se retrouvaient parfois les épouses des cadres pour boire le thé. Sur la rive Est, une rampe pavée permettait la mise à l’eau d’embarcations pour « canoter » les dimanches d’été. 

Au XIXe siècle, les Directeurs des Manufactures de poudres et salpêtres étaient des chimistes bien sûr, mais aussi des érudits en sciences de la nature et particulièrement en botanique. Ayant observé que le secteur bénéficiait d’un microclimat favorable, pour arborer la partie Sud, les directeurs successifs, grâce à l’aide d’amis navigateurs qu’ils côtoyaient, ont fait venir et planter des essences exotiques telles que le séquoia, le gingko biloba, les cyprès chauves, les ormes diffus et bien d’autres encore, que l’on peut toujours admirer aujourd’hui.

Étang du directeur et passerelle en 1860
© Jacques Lemaire

Au cours de la Première Guerre Mondiale, la Poudrerie s’étant étendue jusqu’aux pieds de Miramas le Vieux, pour développer la fabrication de différentes matières explosives, les directeurs de cette époque installent leurs appartements dans les bâtiments de l’entrée Sud, non loin du port de Saint-Chamas, pour fuir la pollution engendrée par cette production. La maison du directeur, le jardin et le lac ne sont plus entretenus. La maison servira de lieu de stockage de matériel et de vestiaire.

À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le jardin « à la Française » servira même de potager partagé à la demande des Poudriers.

Après le 30 juin 1974, date de la cessation d’activité de la Poudrerie, la maison du Directeur a été rasée et le jardin totalement abandonné. Les eaux stagnantes du jardin du Directeur, complètement isolé, ont souffert d’un fort envasement. Parfois en période de fortes pluies il débordait sur les chemins voisins. Petit à petit, la végétation s’est développée profitant de sa faible profondeur et la faune qui le hantait a diminué d’année en année, en raison du phénomène d’eutrophisation du milieu aquatique.

Une première tentative d’amélioration de cet espace aquatique a consisté à détourner les eaux de la cascade avec l’installation de deux vannes. Cette solution n’ayant pas été probante, le Conservatoire du Littoral et le S.I.An.Pou. ont décidé de programmer une réelle réhabilitation des lieux.

Après de longs et difficiles travaux de débroussaillage et de curage, le site rénové est de nouveau libre d’accès au public.

 

Un site aujourd’hui protégé

En 2001, le Conservatoire du littoral rachète au Ministère de la défense la plus grande partie du domaine. Dépollué et décontaminé, il en fait faire un parc naturel protégé. Si la majeure partie des 250 bâtiments a été démolie, les traces de ce passé industriel et militaire n’ont pourtant pas disparu. Il reste les vestiges de plusieurs bâtiments historiques et de très riches archives, disséminées dans plusieurs lieux de conservation.

 

De nouveaux aménagements

À partir de 2001, date d’acquisition de la Poudrerie par le Conservatoire du littoral le site est progressivement restauré. De nombreuses traces de l’ancienne activité industrielle demeurent néanmoins : un important réseau hydraulique (canaux, réservoirs, etc.), des infrastructures militaires (tour de garde), des socles de cuves, des lieux de stockage (dont des souterrains), des hangars et d’anciennes usines à meules (dites « moulins à poudre noire »).

Le secteur des moulins, objet de travaux de sécurisation,  est aujourd’hui ouvert au grand public. Le parc de l’ancienne Poudrerie est géré conjointement par les communes de Miramas et de Saint-Chamas à travers le SIANPOU (Syndicat intercommunal de l’ancienne Poudrerie) avec le concours de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Département des Bouches-du-Rhône.

Un sentier d’interprétation (cofinancé par EDF, la Région et les communes) invite le visiteur à découvrir ce patrimoine singulier à la fois naturel et culturel.

Inauguration de la restauration des étangs du directeur du parc de la Poudrerie Miramas/Saint-Chamas

Après avoir été curés et nettoyés de sédiments, les 3 étangs du Directeur sont désormais opérationnels et accessibles au public ! Si les étangs du Directeur, situés à environ 360 mètres de l'étang de Berre, avaient été créés dans un objectif paysager à l’époque romantique, ils visent aujourd’hui à accueillir des habitats supplémentaires favorables à la cistude d’Europe (tortue d'eau douce) et au triton palmé, deux espèces emblématiques.

Le site de la Poudrerie, propriété du Conservatoire du littoral depuis 2001 avec une gestion conjointe gérée par les communes de Miramas et de Saint-Chamas à travers le SI.AN.POU (Syndicat intercommunal de l'ancienne Poudrerie), est devenu un site remarquable grâce aux différentes réhabilitations et à l’entretien réalisés par le SI.AN.POU et le Conservatoire du littoral, ayant permis la recolonisation naturelle de la faune et de la flore.

Montant des travaux : 215 000€ financés par l’Agence de l’eau (50%), le Conseil départemental (30%), le Conservatoire du littoral (16%) et la Fondation du patrimoine (4%).

Saurez-vous résoudre les énigmes de l’escape-game de la Poudrerie ?

Armé d’un papier et d’un stylo, partez à la découverte des 135 hectares de cet ancien site industriel historique à la faune et la flore remarquables. Initié par le service pédagogie à l’environnement du Conseil de territoire et réalisé en partenariat avec les agents de la poudrerie, l’association ADMR Loisir culture environnement et la société Escape Mind, ce jeu virtuel Waste wars 3, mission Nature sauvage, initialement conçu pour sensibiliser les scolaires à la réduction et la valorisation des déchets, est désormais accessible au grand public.

Alors, à vos baskets et bon jeu !

Durée moyenne : 75 minutes

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Parc de la Poudrerie
Adresse : 1510, route de Saint-Chamas
Tél : 04 90 58 27 93
Courriel : accueil@poudrerie.fr
Site internet : www.poudrerie.fr

Horaires d’ouverture

  • Printemps - été :
    • Du 1er avril au 30 avril : le mercredi et le dimanche (1er, 3ème et 5ème du mois) de 9h à 18h
    • Du 1er juin au 30 septembre : du lundi au vendredi de 7h à 12h et tous les mercredis du mois de juin de 7h à 18h
    • Du 1er octobre au 31 octobre : le mercredi et le dimanche (1er, 3ème et 5ème du mois) de 9h à 18h
  • Automne - hiver :
    • Du 1er novembre au 31 mars : le mercredi et le dimanche (1er, 3ème et 5ème du mois) de 9h à 17h

 Règlement de la Poudrerie